Recueil de planches sur les sciences, les arts libéraux et les arts mécaniques avec leur explication de l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert en 1772.
Annoncé en 1759, le Recueil de planches sur les sciences, les arts libéraux et les arts mécaniques avec leur explication, destiné à illustrer l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert, commença à paraître, pour la satisfaction de ses quelque quatre mille souscripteurs, en janvier 1762. Initialement prévu en deux volumes, il n’en compta finalement pas moins de onze, dont la publication s’acheva en 1772, dix-sept ans avant la prise de la Bastille, cinquante ans avant l’ouverture, en Angleterre, de la première ligne de chemin de fer.
Ces volumes de planches « ne seront pas la partie la moins intéressante de l’ouvrage », promettait Diderot, dès 1750. La promesse a été tenue et, aujourd’hui encore, les planches de l’Encyclopédie continuent de susciter l’admiration. (…) Pour Diderot, les arts mécaniques ne sont en rien inférieurs aux arts libéraux, ni, dirions-nous aujourd’hui, la technique à la science. « Quelle démonstration de mathématiques est plus compliquée que le mécanisme de certaines horloges? » demande-t-il. Le Recueil de planches illustre bien ce point de vue : on y trouve un panorama complet des métiers et de la technologie d’avant la révolution industrielle de la fin du siècle.
La première planche
La première planche présente toute sorte de détails intéressants sur le travail du chanvre, une fibre végétale qui avait une grande importance au XVIIIe siècle. Le chanvre est séché au soleil, puis mis à rouir, c’est-à-dire à macérer dans une mare, une rivière ou une cuve de rouissage. Qu’il s’agisse d’eaux courantes ou d’eaux stagnantes, il faut que celles-ci contiennent les micro-organismes indispensables à cette opération et notamment le felsineus. Des hommes couvrent le chanvre à rouir avec des planches et des pierres pour le maintenir au fond de l’eau. Dans une cabane, du chanvre est mis à sécher sur une claie au-dessus d’un feu. Une femme sépare les fibres de leur hampe. Un ouvrier passe du chanvre à l’égrugeoir, une sorte de peigne servant à faire tomber les grains qui adhèrent encore. Un autre brise les tiges entre les mâchoires de la broie pour en détacher la filasse. Un autre bat les tiges tenues dans l’entaille d’un chevalet, à l’aide d’une batte appelée espadon. Le bas de la planche présente divers instruments utilisés au cours des opérations décrites ci-dessus : un égrugeoir (9), une broie (11) et un espadon (15) avec deux modèles de chevalet (12, 13).
La deuxième planche
Deuxième planche : atelier des peigneurs avec, en dessous, des peignes de différentes tailles, un frottoir et un fer pour affiner les fibres. Pour aboutir à des résultats satisfaisants, le travail du chanvre nécessitait une solide expérience. Les étapes essentielles étaient le rouissage permettant d’éliminer les substances gommeuses qui adhèrent aux fibres, l’écangage (à la broie) servant à séparer la filasse du bois et le séchage dont dépendait la couleur du chanvre.