Napoléon Bonaparte et le chanvre au 19e siècle.



En 1812, une guerre éclata entre la France et l’Angleterre. Le chanvre en était le principal enjeu stratégique : comme il était utilisé pour les navires, il permettait de contrôler les routes maritimes. Le chanvre a été pendant de nombreuses années l’industrie la plus importante sur la planète et il était considéré comme une matière de premier choix pour les échanges commerciaux. Aux 18e et 19e siècles, la Russie produisait plus de 80 % du chanvre utilisé par l’Occident et les Britanniques y achetaient plus de 90 % de leur chanvre.


Après la Révolution française, la tension était forte entre l’aristocratie anglaise et le gouvernement français de Napoléon, les Britanniques redoutant qu’une révolution se produise aussi chez eux. Vers 1803, la marine britannique imposa un blocus naval en coupant les routes marchandes de la Manche et du détroit de Gibraltar afin d’entraver le commerce avec la Russie. En 1807, Napoléon signa avec le tsar Alexandre 1er le traité de Tilsit, qui devait mettre fin aux échanges commerciaux entre la Russie et la Grande-Bretagne, ou toute autre nation agissant au bénéfice de cette dernière. La stratégie de Napoléon était d’empêcher le chanvre russe de parvenir aux Britanniques pour forcer la fin du blocus naval. Il espérait réussir à affaiblir la marine anglaise en l’empêchant de remplacer le chanvre usé sur ses navires et ainsi réduire ses effectifs.


Après la signature du traité de Tilsit, l’Angleterre déclara qu’aucune nation ne serait considérée comme neutre et que quiconque transigeait avec la France se verrait considéré comme un ennemi. Les États-Unis, qui étaient encore neutres, se sont vus pris en otage par les Britanniques, qui leur ont fait une offre secrète relevant du chantage : les navires américains devaient transporter le chanvre russe au profit des Anglais, sinon leurs bateaux seraient confisqués. Elle prévoyait cependant une généreuse récompense en pièces d’or aux marins qui leur rapportaient le chanvre. De plus, on permettait aux Américains de continuer leurs propres échanges commerciaux avec les Russes.


Lorsque la nouvelle de cette « offre » parvint aux oreilles de Napoléon, il insista auprès du tsar Alexandre pour qu’il cesse les échanges avec les navires américains qui, selon lui, étaient contraints par les Britanniques d’effectuer des échanges illégaux. Napoléon exigea que le tsar l’autorise à déployer des troupes dans la ville portuaire de Kronstadt afin de s’assurer que les Russes respectent les termes du traité. Le tsar ne voulut rien entendre. En dépit du traité, il décida d’ignorer les échanges illégaux. Sans doute y trouvait-il un bénéfice, car les Américains lui fournissaient des marchandises très demandées… Contrarié par la situation, Napoléon ordonna à Alexandre 1er de mettre fin à tous les échanges commerciaux avec les navires américains. En guise de réponse, le tsar se retira du traité de Tilsit. Furieux de constater que les Britanniques pouvaient toujours s’approvisionner en chanvre, Napoléon mobilisa plus de 450 000 hommes et se mis en marche vers la Russie, afin de punir le tsar et d’enfin empêcher le chanvre de parvenir en Angleterre.


Les Anglais et les Russes redevinrent donc des alliés et les envois de chanvre reprirent normalement. Cependant, les Anglais ne levèrent pas le blocus maritime qui empêchait encore aux navires américains de commercer avec la Russie. Cela déplut aux Américains, qui se retrouvaient coupés de plus de 80 % de leur propre approvisionnement en chanvre. Des discussions de guerre animèrent le Congrès et elles aboutirent à une déclaration en bonne et due forme. Le 18 juin 1812, les États-Unis, aux côtés des troupes françaises, entraient officiellement en guerre contre l’Empire britannique.


Napoléon essuya une cuisante défaite en Russie. Il n’avait pas respecté sa stratégie originale et avait commis l’erreur de ne pas s’arrêter pour l’hiver, marchant sur Moscou avec des troupes mal équipées pour faire face aux grands froids. Des 450 000 hommes envoyés au combat, seuls 180 000 revinrent. L’Angleterre, après quelques succès contre les Américains, a vu ses ressources financières diminuer de façon considérable et a finalement accepté de signer un traité de paix en décembre 1814. Celui-ci stipulait que les Anglais ne dérangeraient plus les Américains dans les échanges commerciaux, et qu’en contrepartie, les Américains s’engageaient à ne plus réclamer le Canada comme un territoire des États-Unis.


Plus tard, Napoléon fut vaincu en Espagne et on le bannit dans l’île méditerranéenne d’Elbe, d’où il finit par s’échapper après 100 jours. La suite fait partie de l’histoire…


Tableau de Napoléon Bonaparte sur son cheval
Tableau de Napoléon Bonaparte sur son cheval

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